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Dubaï: analyse géopolitique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ANALYSE GEOPOLITIQUE DE L’EMIRAT DE DUBAI

 

 

 

 

Etablie par Jacques SOPPELSA

Président de l’Académie Internationale de Géopolitique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION : DE L’ANALYSE GEOPOLITIQUE.

 

 

Créée par l’Allemand Friedrich Ratzel en 1897, la « géographie politique » , branche de la science géographique, peut se définir aujourd’hui comme « l’analyse des interactions entre le pouvoir politique et ses structures d’une part, l’espace stricto sensu d’autre part ». Elle s’intéresse fondamentalement aux Etats et aux Nations (ici, en l’occurrence, l’Emirat de Dubai

ï) pour s’efforcer de définir comment les conditions géographiques peuvent influencer les relations inter et intra étatiques.

A la différence de la géographie politique, qui décrit donc l’organisation et la spécificité d’un Etat ou d’un groupe d’Etats à un moment donné, la « Géopolitique » tente de relier entre eux les principaux facteurs dynamiques rendant compte de ladite organisation pour aboutir à la synthèse d’une situation politique existante et de ses potentialités ( définition extraite du lexique de Géopolitique, J.Soppelsa, M.Battesti, et JC Romer, Dalloz 1998).

L’analyse géopolitique permet de passer en revue les principaux paramètres, les variables, les facteurs d’évolution que l’on estime importants, voire incontournables quant à leur action sur la dynamique d’un milieu géographique proprement dit et sur l’évolution dudit milieu à court et à moyen terme.

Pour analyser ces paramètres, il nous parait indispensable aussi d’éviter l’écueil  de l’approche strictement journalistique et de s’éloigner de « l’actualité actualisante »  en se gardant et de privilégier systématiquement le conjoncturel.

 

 

Dans les faits, le Géopoliticien tente d’analyser et de comparer deux grands types de facteurs, les « tendances lourdes » d’une part, les « variables (ou « incertitudes ») contemporaines, d’autre part.

Les « tendances lourdes », par définition, concernent le long (voire le très long) terme : elles expriment des situations ou des évolutions analysées sur une longue période ; elles émargent tout particulièrement aux champs (souvent complémentaires) de la Géographie et de l’Histoire. Les données de la géographie physique (situation, gabarit spatial, états enclavés ou exclavés, présence de littoraux, orographie propice aux vocations de refuges naturels, de lieux de passage, de carrefours, données climatiques ou biogéographiques,, présence ou absence de ressources naturelles et de potentialités énergétiques....) se conjuguent ainsi à celles de l’Histoire (impact des cultures et des civilisations et des religions, contexte ethnique, originalité du peuplement, poids et évolution séculaire des flux migratoires etc) Et, pour ne prendre que deux exemples concrets, au demeurant hyperclassiques, comment comprendre, depuis les fulgurantes analyses de Michelet, la spécificité de la Grande Bretagne si l’on oublie tout simplement que le Royaume Uni, c’est d’abord un archipel ! Ou oublier que la déroute des armées napoléoniennes  face à la Russie tsariste est largement due au Général Hiver !

 

 

Ces caractères quasi pérennes mesurés à l’aune d’une génération, jouent ainsi un rôle rarement négligeable. Mais ce dernier peut aussi être perturbé, voire profondément modifié, sur le court terme, par les effets de « variables contemporaines »,comme la découverte (ou l’épuisement) de ressources, l’évolution brutale des structures démographiques ou socio économiques, des décisions macroéconomiques, voire un changement brutal du contexte strictement politique (Un Coup d‘Etat et l’établissement d’une dictature peuvent être concrétisés en quelques heures…une transition démocratique effective s’opère sur plusieurs années…)

 

Correspondant ainsi à des facteurs étroitement localisés dans le temps, elles peuvent parfois s’avérer susceptibles de peser davantage dans la mise en valeur et la détermination la plus objective possible des « risques géopolitiques » que certaines tendances lourdes elles mêmes.

 

 

 

 

Tendances lourdes et variables contemporaines : Dubaï.

 

 

Les tendances lourdes.

 

 

-Les données de la Géographie:

 

L’Emirat de Dubaï, composante des « Emirats Arabes Unis » depuis l’accès de ces derniers à l’Indépendance, en 1971, étiré sur quelques 3900 Km2, est très largement ouvert sur le Golfe Persique.

Un Golfe qui, à l’échelle de la région, figure depuis longtemps, y compris avant l’ère des hydrocarbures, parmi les vecteurs maritimes majeurs des échanges internationaux.

Trois remarques, au demeurant classiques, peuvent être rappelées sur ce plan :

-le rôle de cette position littorale dans les potentialités humaines et économiques de l’Emirat ;

-la  proximité, de l’autre côté du Golfe, d’une puissance qui, c’est le moins que l’on puisse écrire, défraye aujourd’hui la chronique internationale, l’Etat iranien ; un état iranien qui, dès l’époque du shah, avait envahi les iles Tomb en 1971.

-les frontières largement artificielles de Dubaï en particulier, des EAU en général, avec le Royaume d ‘Arabie saoudite.

Ces facteurs « externes », confortés par l’exigüité du territoire émirati, jouent une partition majeure dans la région, particulièrement au sein de cette nouvelle ère caractérisant le monde post bipolaire. (cf.infra)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En changeant d‘échelle, Dubaï, au même que les autres Emirats et, sans guère de profondes nuances, le Qatar ou le Koweït, est situé au cœur de  « l’Arc de Crise » cher au Géopoliticien américain Nicholas Spykman, éminent disciple de Sir Halford McKinder…

 

Dubaï et l’Arc d e crise :

 

En 1978, l’essayiste André Fontaine pouvait écrire : « déchirement du Proche Orient, guerre civile entre palestiniens…l’état d’atomisation du Moyen Orient rappelle celui des Balkans au siècle dernier ».

Balkanisation : l’ensemble moyen oriental, qui possède une part fort importante des réserves mondiales en hydrocarbures (cf. annexes) est, par excellence, l’archétype de la zone « privilégiée » des stratégies indirectes, au moins jusqu’à la Seconde Guerre du Golfe. Un élément géopolitique majeur, nous semble t il, qui, curieusement en apparence, est rarement mis en valeur par les experts et les analyses ! Jusqu’à la fin des années soixante dix,(une décennie lourdement marquée par les multiples effets des deux chocs pétroliers) c’este le Proche Orient ,via le contentieux israélo-arabe, qui s’imposait comme souci géopolitique majeur. La donne géostratégique régionale a été indéniablement modifiée, à l’entrée de ce nouveau millénaire !

A partir du milieu des années quatre vingt, et a fortiori au cours des deux dernières décennies, la région du Golfe persique, stricto sensu, a connu en effet une dérive spatiale remarquable en matière de « points chauds »,  , nonobstant la pérennisation du contentieux israélo-arabe et l’imbroglio libanais : un glissement des tensions, voire des conflits ouverts, vers l’Est du Moyen Orient (au sens francophone du terme !) et le secteur méridional Sud du Golfe Persique !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Relisons rapidement l’Histoire récente de la région ; elle a subi, en un peu plus d’un tiers de siècle, six chocs géopolitiques majeurs.

 

-1) le retrait des Britanniques, au début des années 70, avec, précisément, l’apparition de nouvelles entités étatiques, Bahreïn, le Qatar et les sept Emirats Arabes Unis d’Abu Dhabi, Sharjah, Ras el Khaimah, Adjlman, Fudjayra, Um el Kumayn et Dubaï.

 

-2)-la Guerre du Kippour et la première crise pétrolière ; pour la première fois, et cela a eu des effets directs sur les Emirats Arabes Unis en général, et sur Dubaï en particulier, l’arme du pétrole a été utilisée, confortant les liens organiques existant entre les deux pôles classiques du Moyen Orient, le Levant et le Golfe (la fameuse « liste noire » des puissances soumises à l’embargo de l’OPEP en la matière est tout à fait révélatrice : Etats Unis, bien sûr, mais aussi Pays Bas , eu égard au rôle majeur tenu par le complexe portuaire de « Rotterdam-Europoort », voire le Portugal, les Açores étant, à cette date, lieu incontournable d’avitaillement du cordon aérien USA-Israël…

 

-3) La révolution islamique en Iran, d’autant plus importante pour notre approche que, rappelons le, les horizons iraniens font directement face, via le Golfe Persique, au littoral de Dubaï !!

 

-4) La Guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988, au cours de laquelle, précisément, les ambitions de Saddam Hussein visaient tout bonnement à contrôler le Détroit d’Ormuz !

 

-5) la première « Guerre du Golfe », inaugurée avec l’intervention unilatérale des armées irakiennes sur le territoire koweitien, le 2 Aout 1990, et édifiante illustration, à tous égards, au-delà du contexte de « coalition », des intérêts et des capacités d’action de la superpuissance américaine dans la zone.

 

 

-6) la guerre de 2004, l’intervention des Alliés (sans la France) et la chute de Saddam. On connaît la suite.

 

Le corolaire le plus éclatant de cette histoire contemporaine singulièrement riche en évènements de première importance, c’est que, localisés à proximité de semblable poudrière, les Emirats Arabes Unis, au cœur de l’Arc de crise, représentent aussi l’archétype des nations surarmées.

 

Un milieu « surarmé ».

 

Les Emirats, comme l’ensemble des pays du Golfe, font partie depuis un tiers de siècle, avec leur puissant voisin saoudien, au peloton de tête des acheteurs d’armes et de systèmes d’armes du globe.

Comme le suggérait naguère Henry Kissinger, l’équation : tensions+ pétrole  = surarmement » est particulièrement bien vérifiée dans la zone.

Le poids élevé des dépenses militaires reste une constante au sein des EAU depuis une trentaine d’années. Pour l’ensemble, des Emirats, lesdites dépenses ont systématiquement dépassé la barre des 13% du PNB (et près de 15% pour les dix dernières années) Tout aussi révélateur, le critère « nombre de militaires rapporté à la population du pays » plaçait les dits EAU au 5eme rang mondial pour la période 1980-2000, derrière l’Irak, la Corée du Nord, Israël et la Syrie. Ils conservent ce cinquième rang pour la dernière décennie, derrière la Corée du Nord, Israël, la Syrie et Taïwan. (Source : The Military Balance)

 

Quant au contexte majeur des hydrocarbures, au delà du constat maintes fois souligné du rôle clef joué dans la région depuis la mise en valeur de ces gigantesques réserves, mais aussi du déclin de ces dernières et des aléas du marché international, la question (au moins à moyen terme) des techniques et des modes d’exportation, apparaît, au moins pour Dubaï, comme tout à fait incontournable.

 

 

Les réseaux de pipelines des EAU sont certes complexes. Ils sont surtout, en grande majorité, des oléoducs de défruitement, servant à relier les gisements d’extraction aux structures portuaires et aux raffineries. Pour l’exportation, Dubaï n’a, de facto, que deux options acceptables : soit rejoindre le réseau de transport saoudien (d’où, à nouveau, la place capitale au moins virtuellement, occupée en la matière par Riad) soit l’acheminement par la voie maritime à parti des complexes portuaires du Golfe. Dans cette seconde option, Dubaï dépend alors très étroitement de la donne stratégique intimement contrôlée par Ormuz !

Les producteurs émiratis, à l’image des Saoudiens, tentent de facto de se tourner de manière de plus en plus significative, vers les foyers consommateurs de l’Asie Pacifique. Songeons à ce propos que pour le dernier lustre,(source APEC) les Emirats ont réalisé plus des deux tiers de leurs exportations vers ce continent Et ce n’était pas un hasard si, en Janvier 2008, était organisée à Dubaï, au « Golf Research Center », une réunion de travail consacrée au thème «  Dynamic Alliances strenghtening ties between GCC and Asia », une réunion tenue en présence (et ce n‘est pas simple anecdote) par le Secrétaire Général de l’ASEAN en personne : preuve de la prise de conscience officielle (certes avant la terrible secousse financière et immobilière qui a singulièrement ébranlé l’Emirat et ses « certitudes » ; cf. infra) que l’amélioration et l’accélération des relations entre Emirats et Asie Pacifique présentent non seulement des « avantages économiques et géographiques » mais, comme le souligna en la circonstance le Secrétaire Général de l’ASEAN, « qu’elles peuvent aussi sécréter un « bonus éminemment politique » (sic)!

 

Autre thème de premier plan, en matière de géopolitique et de géostratégie, en changeant d’échelle, Dubaï, comme l’ensemble des Emirats, joue depuis plus d’un tiers de siècle la carte de la coopération et de la sécurité dans le cadre régional du Conseil de Coopération du Golfe, le CCG.

 

-Le CCG : un certain nombre de pays du Golfe, dont les sept Emirats Arabes Unis, se sont effectivement regroupés au sein d’un « Conseil de Coopération du Golfe », créé en 1981. En sont membres effectifs, outre les EAU, Bahreïn, le sultanat d’Oman, l’Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar. Le 25 Mai 1981, les fondateurs de cette organisation supra étatique (cf. carte) avaient pour objectif la « création d’une entité régionale et de coordination » s’investissant dans plusieurs domaines, financiers et commerciaux, mais faisant aussi une place importante à l’édification d’une plateforme commune au plan de la sécurité à l’échelle de la zone.

Il s’agissait, pour ses promoteurs, « de mettre en place des processus de régularisation et de coordination dans les secteurs de la finance, du commerce, de l’administration, du tourisme, des coutumes » (sic), de la sécurité, des progrès scientifiques et techniques, ainsi qu’en matière d’activités agricoles et d’industries extractives, de centres de recherche communs, de « joint ventures » et de favoriser la coopération entre les différents secteurs privés des pays adhérents ».

Mais cette organisation est d’abord fondée sur le socle séculaire (tendance lourde liée à l’Histoire) des liens culturels tissés entre les Etats membres et sur « le credo en une destinée commune, liée aux multiples points de convergence existant entre les systèmes juridiques, des parties adhérentes, des systèmes basés sur l’application des règles de l’Islam »  

Le CCG est administré par un Conseil Suprême  qui se réunit une fois l’an en session normale, et en session extraordinaire, à la demande de deux de ses membres. Soulignons aussi que le but majeur du CCG est de « servir l’objectif suprême de la nation arabe, la cause de l’Islam ».Ce qui n’est effectivement pas neutre…

Le CCG, au cours des années, a contribué à clarifier (ou à vérifier) la fiabilité, les intérêts, les postures et les objectifs de ses membres. A preuve, par exemple, la réaction collective dépourvue de toute ambigüité des pays membres vis-à-vis des autre entités internationales durant la première Guerre du Golfe, déclenchée par Saddam avec l’invasion du Koweït, une première Guerre du Golfe qui a aussi démontré s’il en était besoin, d’éclatante manière la présence et l’activité de l’hyperpuissance dans la zone (cf. annexes).

 

Mais les deux plus grands succès du CCG dans le domaine de la sécurité et de la défense résident dans la mise en place, en 1984, d’une force commune dénommée « Peninsula Shield Force » et, surtout, à partir de 1998, la décision de mettre sur pied un réseau de communication militaire d‘alerte entre les différents membres (mesures préventives à l’égard de l’ennemi « potentiel », jamais officiellement cité, l’Iran !)

Plus révélateur encore, jusqu’à ces dernières années, le CCG a concrétisé des actions communes cohérentes dans des secteurs économiques –clefs comme celui des hydrocarbures, avec la validation d’une politique commune tant en matière d’exploitation que dans le secteur du transport. Plus significatif encore, au cours du lustre précédant la très sévère crise de 2008 : l’adoption d’une position commune à l’égard des marchés internationaux. Rappelons que dès le début de la décennie quatre vingt dix, le CCG avait créé un « Regional Emergency Plan of Petroleum Products » pour porter assistance à un pays membre en cas de pénurie.

Une zone d’ombre, jusqu’à ces derniers mois : l’Union Monétaire. On le sait, au plan financier et monétaire, le Conseil a officialisé  l’Union Monétaire  de ses membres le Ier Janvier 2008. L’adoption de la monnaie unique avait été affichée pour 2010. mais la mini crise qui opposa alors l’Arabie saoudite et les EAU à propos du choix du siège de ladite instance, l’Arabie saoudite proposant Riyad et les Emirats supportant Abu Dhabi, entraina le départ des EAU du CCG ; les effets de la crise financière et immobilière que vient de connaitre Dubaï a eu pour effet de convaincre les Emirats de réintégrer dans les meilleurs délais la structure communautaire (cf. documents), épiphénomène qui a aussi pour effet de démontrer à la fois la pérennité de maints contentieux au sein de la péninsule arabique…et qu’une crise si spectaculaire soit elle, peut aussi entrainer, à moyen terme, des corollaires positifs. …

 

 

 

 

 

 

 

 

Les incertitudes contemporaines :

 

 

-Première source d’incertitudes généralement évoquée : les interrogations soulevées par la très sévère crise financière et immobilière de 2008-2009

 

 

La crise

 

 

Au risque de paraître paradoxal, on n’insistera guère sur cette dernière, et non seulement parce qu’elle a suscité (et pour cause) une très abondante littérature (et pas seulement journalistique). A vrai dire, son ampleur et sa démesure son tout à fait comparables à celles qui caractérisent la croissance et le dynamisme qu’a connus l’Emirat au cours des trois dernières décennies : Une dette colossale (oscillant, selon les sources, entre 80 et 100 milliards de dollars en 2009); un effondrement de la manne touristique, (le nombre total de réservations touristiques, qui était passé de 3 à 7 millions par an entre 2003 et 2007 retrouvant l’année passé la situation du début de la décennie ; quelques 1500 permis de résidence annulés chaque jour au cœur de la crise ; les chantiers les plus pharaoniques brutalement arrêtés ; l’expulsion d’un nombre considérable de travailleurs immigrés etc.. (cf. documents) Une crise suscitant à l’échelle de la planète inquiétude ou ironie, eu égard à l’arrogance réelle ou surfaite, naguère de maints milieux émiratis.

Mais, en 2010, force était de constater que la rapidité de la résurrection du modèle dubaïote semble aisément mesurable à l’aune de celle de la crise elle même ! Alors, la crise, épiphénomène ? Le fait est que, dans notre approche analytique, cf. infra) nous obtenons une « note globale »  de risques de 76,8/100, pour la décennie 2000-2010, période intégrant donc la crise, soit un risque « faible »,alors que la même analyse appliquée à la décennie 1995-2005, nous ferait afficher une note de 80,8/100, … soit un « risque très faible ». Preuve s’il en était besoin, que les « variables contemporaines, lorsqu’elles sont particulièrement brutales, peuvent, y compris sur le moyen terme, influer sur le poids de la gamme, traditionnellement riche et diversifiée, des « tendances lourdes 

 

 

2) autre source d’incertitude potentielle : la nouvelle donne démographique et l’immigration

 

Dubaï a connu depuis 1980 (corollaire direct de l’épopée du pétrole) une croissance démographique très spectaculaire. La ville recensait quelques 265 000 habitants au début des années quatre vingt ; plus de 670 000 en 1995 ; elle franchisait le cap symbolique du million d’habitants en 2004 ; dénombrait environ 1, million de personnes n 2009 et les estimations « moyennes » et plutôt concordantes pronostiquent au moins quelques 1 ,7 million d’habitants à l’horizon 2013 !

Cet essor est naturellement la conséquence directe de la prospérité économique, et a eu pour effet une urbanisation accélérée, sinon démesurée, à l’image des prouesses, sinon des hardiesses architecturales confinant au gigantisme qui alimentent régulièrement les chroniques (« toujours plus haut, toujours plus fort)

Mais, de facto, la donne démographique dubaiote en particulier (et celle des Emirats en général, (même si, en la matière, Dubaï fait presque figure de caricature) est beaucoup plus complexe et originale ! Près de 70% de la population de l’Emirat, en effet, n’est pas…émiratie ! Une forte majorité de la population est constituées de travailleurs immigrés, venus le plus souvent de la péninsule indienne et d’Asie du Sud Est ; peu qualifiée, sous rémunérée (mais certes sensiblement plus que dans leurs pays d’origine !), véritable lumpen prolétariat local, elle contribue aussi au bariolage ethnique et, également religieux, de l’Etat. Cet afflux massif de populations non arabes pourrait être susceptible de générer des tensions (la fracture sociale étant d’ores et déjà patente). Soulignons aussi que, jusqu’à ces toutes dernières années, il était pratiquement impossible à ces populations immigrées d’acquérir la nationalité émiratie, même si la Loi de Mars 2002 a assoupli en la matière une législation particulièrement contraignante.…

 

 

 

 

3) Des voisins « encombrants » :

 

Depuis l’Indépendance, Dubaï, comme l’ensemble des Emirats Arabes Unis, s’est constamment efforcé de contribuer à la stabilité de l’ensemble de la zone du Golfe.

Très attachés jusqu’à ces dernières années, (nous l’avons vu), au Conseil de Coopération des Etats Arabes du Golfe, Dubaï a participé avec beaucoup de dynamisme aux activités dudit Conseil susceptibles de faire face aux interrogations, loin d’être virtuelles, posées de plus en plus crûment par la proximité de l’Iran.

 

Au delà de la question iranienne, l’amélioration des relations entre Dubaï et les EAU d’une part, leurs voisins de la péninsule arabique, d’autre part, est difficilement niable. Mais il reste, là aussi, d’incontestables zones d’ombre et des sujets d’incertitude, sinon d’inquiétude, confortée ces derniers temps, par les aléas évoqués précisément supra du Conseil de Coopération du Golfe..

Avec le sultanat d’Oman, les liens ont été notoirement renforcés avec les deux derniers conflits qui ont embrasé le Moyen Orient. Une évolution loin d’être négligeable, eu égard à la position stratégique éminente dudit sultanat, et au fait que les frontières d ‘Oman sont « floues » et sujettes à contentieux avec les Emirats Arabes Unis ! Les relations d ces derniers avec le Qatar, longtemps peu amicales, semblent aujourd’hui largement apaisées. On se souvient qu’en 1971, Doha avait refusé d’adhérer aux Emirats Arabes Unis et qu’un quart de siècle plus tard, le coup d’Etat qatari de juin 1995 s’était traduit, au plan de la politique étrangère, par de vives tensions avec les EAU. Cette situation s’est aussi améliorée au cours de la dernière décennie avec le règlement des principaux différents frontaliers.

 

 

Cette question des contentieux frontaliers, éminemment géopolitique, s’est avérée en revanche très épineuse et très complexe quant aux relations entre Dubaï et …l’Arabie saoudite !

L’analyse (publiée en 2005) de David Rigoulet-Rose, semble sur ce plan avoir gardé pas mal de son actualité cf. annexes) Au delà de ces contentieux, l’Arabie Saoudite, par son gabarit physique, par son histoire, ses potentialités, laisse toujours planer son ombre sur Dubaï et ses associés émiratis. Certes, Riyad, sur certains plans, est considérée aussi comme un  « bouclier virtuel » garant de facto de la solidarité arabe et donc de la sécurité de Dubaï. Nous touchons ici du doigt (cf. documents) un autre problème majeur, non seulement à l’échelle des relations bilatérales mais aussi à celle de l‘ensemble du Moyen Orient, et donc, pour le proche avenir, à celle de la planète : Quid de l’Iran ?

On soulignera simplement que seuls le Détroit d’Ormuz et le Golfe arabo persique séparent l’Etat iranien et ses velléités de projection de puissance de Dubaï ! Chaque jour, des centaines de dhows franchissent ledit détroit pour approvisionner les marchés persans. L’Iran absorbait, en moyenne décennale, décennale, ces dernières années, quelques 37% des exportations de l’Emirat. Et dans la ville même, une importante communauté iranienne s’est installée. Mais les relations bilatérales sont aujourd’hui fortement dégradées du fait de la pérennité des contentieux opposant les deux Etats au sujet des iles d’Abou Moussa, de la grande Tomb et de la petite Tomb. Dubaï souhaite régler ce différent par négociation bilatérale, puis en cas d’échec, par la saisine de la Cour Internationale de Justice de la Haye. Inutile sans doute de préciser que Téhéran semble manifestement plus préoccupée aujourd’hui par des considérations supra bilatérales et par des enjeux relatifs à l’ensemble de la zone moyen orientale que par le règlement du contentieux d’Abou Missa !

 

Sur un autre plan, quant à la présence voisine de l’Arabie saoudite, son influence religieuse (voire son corollaire potentiel, l’essor du terrorisme islamiste radical, comme en on pu témoigner les évènements de 2004 et de 2006, sa puissance économique, son poids démographique, sa puissance militaire, constituent des sources d‘incertitudes pour Dubaï et pour les Emirats. A fortiori avec la nouvelle donne liée à la prolifération nucléaire, déjà fortement actualisée par les péripéties et les initiative

 

Rappelons aussi le souhait appuyé de l’OTAN de voir Ryad adhérer à l’ICI (Initiative de Coopération d‘Istanbul) aux côtés du Qatar, de Bahrein, du Koweit.. et des Emirats Arabes Unis (cf.note) et à la tendance contemporaine manifestée par les Etats Unis quant à leur prétendu « désengagement » (sic) de la région

 

Au positif : la « solidarité arabe » ?

 

La « solidarité arabe », à Dubaï, n’est pas un vain mot. Elle apparait dans de multiples domaines. Celui de son rôle dans le processus de paix au Proche Orient est sans doute l’un des exemples les plus éclairants. Dubaï a été l’un des tous premiers pays à soutenir ledit processus depuis la Conférence de Madrid. Dubaï fut aussi aux tous premiers rangs des Etats qui dénoncèrent l’initiative ambiguë de l’Administration de George W. Bush, mais également celle de la Russie de Vladimir Poutine !

Les EAU consacrent une part non négligeable de leur PNB à l’aide au développement des communautés musulmanes et arabes sous ses différents aspects, du Kazakhstan à l’Indonésie, de la Bosnie à la Somalie .Et Dubaï est aussi l’un des plus importants contributeurs au Fonds Islamique de Solidarité et à l’Organisation de la Conférence Islamique.

 

 

4) Pour le court terme, au delà des effets directs ou indirects de la récente crise, l’élément positif majeur nous parait être indéniablement lié à la réussite impressionnante de la politique de Dubaï au chapitre de la diversification de ses activités économiques.

Après la phase de l’avant pétrole, (jusqu’en 1966) puis l’euphorie des « années folles » de la rente pétrolière, en augmentation quasi constante durant plus d’ ‘une génération, l’épuisement progressif des réserves et les aléas des cours, se sont traduits, pour Dubaï comme pour l’ensemble des EAU, par l’entrée inéluctable et redoutée dans la phase de l’après-pétrole ». Dubaï, pour le moment, a réussi sa reconversion. Au delà des clichés, l’Emirat, à l‘aval de ses voisins directement producteurs d‘hydrocarbures, représente aujourd’hui l’archétype de la réussite économique fondée sur les activités financières, le commerce de luxe mais aussi sur l’expansion des technologies de pointe (notamment des nanotechnologies) et sur le secteur de l’immobilier Avant la crise, « au moins un quart des grues en activité sur les chantiers en cours de la planète étaient implantés à Dubaï », comme celui du « Burj Aj Arab Hotel », en forme de voilier gigantesque, l’hôtel le plus élevé du monde (320 mètres) ,le seul à se targuer de ses « 7 étoiles » (sic)ou le programme des trois iles artificielles de Palm Island, à Juleeirah…

Cette diversification se traduit, on le sait, par une politique de grands travaux de plus en plus spectaculaires : métros, autoroutes, aménagement de sites portuaires ultra modernes ou de complexes aéroportées ( Dubaï World International Airport, près de Jebel Ali) etc..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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