La Turquie et les institutions européennes de sécurité :
Un atout ou un obstacle ?
Jale AKTUG
Introduction
« L’Alliance et l’Europe ont besoin d’une Turquie active qui est orientée par les réformes. Nous voulons que la Turquie réussisse dans les négociations pour son adhésion à part entière à l’Union européenne.
Ainsi, la coopération entre l’OTAN et l’UE constitue une rre angulaire essentielle de notre sécurité collective. Mais, aussi importante qu’elle est, celle-ci a atteint une impasse regrettable. La persistance des problèmes à cause des interprétations différentes du cadre institutionnel de la coopération entre l’OTAN et l’UE a affecté l’efficacité de l’OTAN et ses efforts afin d’assurer une coopération souple et pragmatique avec tous les acteurs externes.
Nous sommes pleinement conscients que la Turquie attache une grande importance aux principes clés régissant la relation entre l’OTAN et l’UE. Ces principes doivent être respectés. En même temps, nous avons besoin de trouver un arrangement qui permet plus de flexibilité sur les questions concernant « Berlin plus » et qui permet la coopération sur les questions concernant la gestion des crises. » Stephanie Brabst(1).
La Turquie , membre de l’OTAN mais non de l’Union Européenne !
Après la guerre d’Indépendance, la sécurité de la République de la Turquie a été plus que jamais marquée par deux tendances lourdes de sa géopolitique : les facteurs géographiques, d’une part, la spécificité de ses relations avec les pays voisins, d’autre part.. dans le cadre du système bipolaire, c’est la menace soviétique qui contribua largement au choix d’Ankara durant toute la Guerre Froide. Mais après la disparition de cette dernière, de nouvelles menaces sont apparues. Alors, comment peut on définir les risques de sécurité pour la Turquie et les attitudes de la Turquie dans le domaine de sécurité au cours de la période contemporaine ?
Avec la fin de la Guerre Froide, et l’épanouissement des processus de mondialisation, le domaine de la sécurité peut être désormais défini comme « allant au delà du cadre de la sécurité nationale, stricto sensu ». ». Et la Turquie est très affectée par les paradoxes de la mondialisation à cause de sa situation historique et géopolitique. Contre les nouvelles menaces, Ankara doit prendre en considération le multilatéralisme, l’interdépendance et le passage des confrontations « actives » aux arrangements coopératifs dans ses relations avec les autres acteurs internationaux comme on le constate dans ses relations avec l’OTAN, l’UE, dans les opérations de gestion des crises et dans le Partenariat pour la Paix. Mais la Turquie doit aussi tenir compte de l’échelle régionale car son environnement régional nécessite la prise en compte d ‘une realpolitikqui est essentiellement défensive, et mettre l’accent sur la diplomatie de l’équilibre de puissance et non sur la maximalisation de la puissance par le processus classique de la conquête.1C’est pourquoi on a fait des réformes militaires importantes au sein de la force armée turque ; pour maintenir la capacité de fonctionner, soit en coopération avec les pays alliés, soit tout seul. Cela explique directement l’augmentation spectaculaire des dépenses au plan des budgets militaires alors même que la plupart des pays européens ont eu tendance à diminuer celles-ci après la dissolution de la menace soviétique.2
Nous touchons ici du doigt la grande originalité de la Turquie : sa double identité à la fois européenne et asiatique. C’est ce dualisme qui caractérise l’ambivalence de la politique étrangère turque. Dans sa dimension européenne, elle est rassurante car elle apparaît comme réformiste, moderne, laïque et imprégnée de l’esprit des lumières, ancrée à l’ouest en raison de sa participation à de nombreuses organisations internationales occidentales. Dans sa dimension asiatique, elle impressionne et effraie à la fois, tant par sa superficie que par son poids dé mographique, sa force intellectuelle et culturelle, sa force politique.3
Grâce à la prise en considération des deux aspects de sa sécurité, la Turquie a continué à maintenir son cap en ce domaine avec la fin de la Guerre Froide. Elle apparait ainsi comme un acteur important, sinon incontournable, en Europe, au Moyen Orient, dans les Balkans, le Caucase et la Mer Noire. Comme le souligne Alexandra Bellayer – Roille dans son article « les développements récents de la PESD : quelles perspectives pour la Turquie », la situation de la Turquie peut être définie par une théorie des cinq « c », qui peut être symboliquement perçu comme la « clé du Bosphore », « un carrefour » entre 3 espaces (Balkans, Europe et Monde Arabe), un « corridor » terrestre et aérien, un « cordon sanitaire » et même comme un « château d’eau ». A ces différents titres, elle occupe donc indéniablement une place « centrale » dans les relations internationales, notamment en raison de l’existence de tensions récurrentes dans son environnement géopolitique immédiat.
C’est pourquoi la coopération et le partenariat ont toujours eu une place importante dans la politique étrangère de la Turquie. Après la fin de la 2eGuerre Mondiale, la Turquie a fait son choix du coté du bloc de l’Ouest et est devenue membre de l’OTAN en 1952. La Turquie était le pays qui disposait de …la plus longue frontière avec l’URSS. « Privilège » potentiellement inquiétant. D’où son champ de compétences au sein de l’OTAN : la délicate responsabilité de protéger le tiers des frontières de l’Alliance contre les pays du Pacte de Varsovie.
Pendant la Guerre Froide, la menace prioritaire pour la Turquie était donc la menace soviétique comme c’était le cas, en fait, pour tous les alliés de l’OTAN.4Mais après l’effondrement de l’URSS, la Turquie s’est trouvée littéralement au carrefour des risques et des instabilités les plus marquants !diverses. Sur 15 points chauds identifiés par l’OTAN comme menaçant la sécurité de l’Alliance Atlantique, 12 se trouvent ainsi localisés dans des régions limitrophes de la Turquie et en étroite collaboration avec elle. (Balkans, Caucase, Asie Centrale et Moyen Orient).5
Par exemples, et non des moindres, on peut citer la Guerre du Golfe entre 1990 – 1991, la Guerre de Bosnie entre 1992 – 1995, la guerre du Kosovo, le soulèvement de la Tchétchénie, la crise de la Mer Egée, le problème Chypriote…
En conséquence, le positionnement de la Turquie en matière de sécurité a été totalement perturbé avec avec la fin de la Guerre Froide. Désormais, elle est devenue un pays au cœur de la nouvelle architecture de sécurité au lieu de former les frontières sud-est de l’Alliance. A cause de la diversité et gravité des risques de sécurité qui l’entourent dès la formation de la République, la Turquie ne peut que prêter un très vif intérêt au thème de la sécurité.
Aussi, et plus particulièrement, avec la fin de la Guerre Froide qui a entrainé une indéniable multiplication des risques qui menacent sa sécurité, Ankara considère plus ou moins ouvertement que l’OTAN n’est plus la seule organisation internationale à qui la Turquie doit attribuer de l’importance ; cette dernière souhaite faire partie de toute organisation internationale dont les activités peuvent avoir des implications sur la politique étrangère, de sécurité et de défense de la Turquie. Cela explique sa vigilance et ses soucis de participation, directe ou indirecte, à l’égard de chaque organisation internationale susceptible d’être active dans la région, qu’il s’agisse de l’OSCE, de l’Union Européenne, de l’UEO (désormais incorporée à cette dernière) ou de toute autre.
Ceci dit, désormais, c’est l’OTAN et l’UE qui occupent la place la plus importante dans la politique étrangère turque en matière de sécurité. Avec une situation unique, ou presque : membre de l’OTAN avec son statut de « key strategic ally »6et participant à la plupart des opérations de l’UE sans être un membre de celle-ci. Elle se caractérise ainsi par une situation très originale, voire délicate dans l’architecture même de la sécurité européenne.
Pour tenter de mieux comprendre sa situation, on peut premièrement analyser ses relations avec l’OTAN, et après cela, examiner celles qui l’unissent avec l’UE en matière de sécurité et de défense.
-2 .Les Relations de la Turquie avec l’OTAN
-Evolution des relations
Sans doute doit on souligner au préalable que ce fut pat le canal de ses contributions militaires que la Turquie est devenue un membre de l’Alliance. Malgré l’intérêt manifesté par Ankara, les négociations qui aboutirent à la création de l’OTAN n’inclurent pas la Turquie. Et c’est son attitude concrète C’était l’attitude concrète durant la Guerre de Corée qui a renforcé son image et fait accepter son adhésion par les membres fondateurs de l’Alliance . Car la Turquie fut le premier pays a répondre positivement à l’appel des Etats-Unis pour obtenir de l’aide. Et elle a expédié 5000 soldats pour défendre la Corée du Sud.7
Mais l’on soit souligner aussi que la participation de la Turquie à la guerre de Corée n’a pas été le seul facteur qui ait contribué à son adhésion. Parallèlement à cette contribution militaire, elle a aussi participé au renforcement de la solidité du Bloc de ‘lOuest à un moment où ce dernier commençait à présenter des fissures internes.non négligeables ! Pour résumer, la Turquie a aidé à protéger l’identité de l’Ouest par le biais de sa politique de sécurité au cours de la Guerre Froide. Par conséquent, ce n’est pas simplement les facteurs militaires ou sécuritaires, mais également la contribution politique de la Turquie à la constitution et la sécurisation de « l’identité » de l’Occident qui a permis son adhésion à l'OTAN.8
D’ailleurs, l’adhésion de la Turquie à l’OTAN en 1952 apparaît aussi comme un symbole : elle rattache la Turquie à l’Ouest ; l’OTAN constitue la meilleure arène pour le pays pour faire découvrir sa spécificité et ses idées au monde occidental, car l’OTAN est ,à cette époque, l’une des deux plus importantes, (sinon la plus puissante et plus influente) organisations internationales dans le monde. Grâce à elle, la Turquie peut expliquer ses vues et intérêts sur les développements internationaux.
L’OTAN va ainsi offrir une identité politique et de sécurité pour la Turquie dans le champ des relations internationales.9En outre, l’importance de la Turquie pour l’OTAN n’est pas négligeable. La Turquie constitue la deuxième plus nombreuse force armée de l’OTAN10(après les Etats-Unis) et elle a fait participe toutes les opérations militaires de l’Organisation dès le début. Elle a aussi joué un rôle d’initiatrice dans certains projets de partenariats de l’OTAN , comme ce fut le cas pour le « dialogue méditerranéen », l’initiative d’Istanbul... Elle joue un rôle unique en contribuant à la stabilité et à la sécurité dans la région en étant un modèle pour un bon nombre de ses voisins.11
C’est pourquoi elle a méritée d’être nommé comme « key strategic ally ». Comme l’explique Javier Solana « la Turquie, en tant que membre actif de l’Alliance a contribué à l’élaboration de notre sécurité commune. Sa proximité avec les Balkans, le Caucase, l’Asie Centrale, le Moyen Orient et la Méditerranée met la Turquie dans l’épicentre du changement. C’est le nouvel rôle de la Turquie qui fait ce pays un atout majeur dans la nouvelle approche coopérative de sécurité de l’OTAN. En tant que pays ayant des liens historiques et culturels et en tant que promoteur de la coopération régionale, la Turquie contribue activement à la défense collective de l’OTAN ainsi que de ses nouvelles missions de gestion des crises et de soutien de la paix. Et en contribuant de manière significative aux activités coopératives de l’Alliance avec les pays non membres de l’OTAN, la Turquie dispose d’une importance particulière dans le développement de la nouvelle architecture de sécurité en Europe. »12
Mais quand on regarde l’histoire, on ne peut pas non plus esquiver certains problèmes illustrant les relations entre la Turquie et l’OTAN.
Par exemple, l’enlèvement des missiles implantés en territoire turc sans consultation des autres pays membres de l’OTAN après la crise du Cuba, dans un domaine qui concerne la sécurité de la Turquie. Ankara, dans ces circonstances, devait exprimer son « vif mécontentement » à l’égard de l’OTAN.
Autre exemple, la lettre (désormais célèbre) du Président Lyndon Johnson soulignant officiellement un autre sujet de « fâcherie »: la question de Chypre ; envenimant les relations bilatérales entre Turquie et Grèce, deux nations membres de l’OTAN ! quand la Turquie déclare en juin 1964 qu’elle va faire une opération en Chypre, le Président Johnson envoie immédiatement une lettre au Président de la République de Turquie mentionnant qu’un conflit ouvert entre la Turquie et la Grèce pourrait provoquer une intervention armée de l’URSS en Turquie et que, dans cette hypothèse, l’on pourrait douter sérieusement de l’automaticité d’une intervention directe de l’OTAN pour défendre la Turquie. De même, les Etats-Unis ne permettront pas l’utilisation des matériels militaires, armes et systèmes d’armes fournis par les Américains à l’armée turque militaire dans le cadre d’opérations conduites par Ankara en territoire chypriote. D’où la crise suscitée entre la Turquie et l’OTAN.
Plus récemment, l’objection manifestée par la Turquie à l’égard de la nomination du nouveau Secrétaire Général de l’OTAN a créé une mini crise, assez rapidement résolue, il est vrai, après quelques négociations. Selon M. Tacan İldem – le représentant permanent de la Turquie au sein de l’OTAN, ladite désignation ne « créera pas de véritables problèmes quant aux les relations de la Turquie avec l’OTAN. Au contraire, la Turquie va contribuer au succès de l’Alliance tout en participant aux débats sur le nouvel concept stratégique, à la lutte contre le terrorisme international et à la disparition progressive les armes de destruction massive ».13Ainsi, l’une des premières visites de Rasmussen sera consacrée …à la Turquie, Août, ce qui montre que la désignation de Rasmussen comme Secrétaire Général ne pose plus problème aux yeux d’Ankara. .
En réalité, quant on analyse l’ensemble de la période 1952-2008 (plus d ‘un demi siècle !) on constate objectivement que ces crises n’ont constitué que de petites ruptures, très vite colmatées. et que l’OTAN a toujours joué le premier rôle ,pour la Turquie, dans le domaine de la sécurité internationale.
Les contributions de l’OTAN à la Turquie, sur ce chapitre, sont effectivement loin d’être négligeables..ni obsolètes ! Par exemple, après la fin de la Guerre Froide, même si la possibilité d’une attaque « classique » telle qu’envisagée dans le cadre de l’article 5 ne constitue plus une menace importante dans la scène internationale, l’OTAN continue d’être LE garant de la sécurité du pays. Ainsi, en février 2003, après la demande de la Turquie de protéger le pays en cas d’attaque contre sa population ou son territoire, l’OTAN a envoyé des avions de surveillance et des missiles de défense ; un système activé entre le 20 Février et le 16 avril 2003.
D’ailleurs, les intérêts et les avantages de la Turquie et l’OTAN furent généralement réciproques. Et quand la Turquie fit concrètement des contributions à la sécurité et à la défense européenne contre la menace soviétique, les Etats-Unis et les pays européens élargirent les garanties de sécurité pour protéger l’intégrité territoriale de la Turquie contre l’Union soviétique.
Avec la disparition de la menace soviétique, certains experts pensèrent que la Turquie perdrait de sa valeur « géostratégique » dans le domaine de la sécurité .Cela ne fut pas le cas. Grâce à l’adaptation de l’OTAN et l’acceptation de nouveaux concepts stratégiques, la Turquie a gardé son importance et sa position dans le cœur de la sécurité européenne.
Les contributions de la Turquie à l’OTAN
Avec la fin de la Guerre Froide, la Turquie a resté au centre des modifications apportées par celui-ci. Grâce à ses liens historiques et culturels avec les pays de la région, elle est devenue une médiatrice entre l’OTAN et ces pays là. Ses contributions à l’OTAN peuvent être constatés dans plusieurs domaines : elle est devenue un modèle pour l’adaptation des ex-pays de bloc de l’Est aux structures politiques, militaires, économiques et culturelles du monde occidental ; elle a aidé au développement du dialogue et de la coopération avec les pays de la région ; elle a commencé à mener des activités éducatives et de formations militaires ; elle a pris des rôles actifs dans les opérations de gestion des crises et de soutien de la paix. On peut classifier les contributions de la Turquie à l’OTAN dans deux titres : le premier est les contributions politiques, le deuxième est les contributions militaires.
Les contributions politiques
Après la dissolution de l’URSS, les nouveaux Etats ont émergé dans la géographie qui entoure la Turquie. Même si l’émergence de nouveaux pays et les conflits dans ces pays ont causé à l’instabilité dans les frontières turques, cela a créé un avantage pour la Turquie : elle est devenue un médiateur et un modèle pour les pays de la Caucase et de l’Asie Centrale pour qu’ils s’adapteront aux valeurs et structures politiques, culturelles, économiques et militaires de l’Occident. Dans cette perspective, la Turquie a participé et a fait le leadership dans la formation des dialogues politique et diplomatiques, des activités pédagogiques, des coopérations économiques et commerciales et des échanges sociaux et culturels avec les Etats Turcs qui avaient récemment gagné leur indépendance.
Tout d’abord, la Turquie a élaboré des projets multilatéraux de sécurité avec les pays de la région pour renforcer les relations politiques, de sécurité et de défense de la Turquie ; mais aussi pour promouvoir la coopération et le dialogue dans la région. La participation de la Turquie à ces projets servit au renforcement de la sécurité en développant les transactions économiques, politiques et militaires.
On peut analyser les contributions de la Turquie dans les projets de l’OTAN en partant des exemples concrets.
Premièrement, dans le cadre de l’importance attribuée aux partenariats par la Turquie et dans le cadre de l’investiture faite par l’OTAN, les ambassades de la Turquie aux Baku, Bichkek, Achkhabad et Rabat ont accomplit la mission de l’« ambassade de point de contact » dans ces pays là pendant la période 2006 – 2008. De même, l’ambassade de la Turquie au Pakistan est devenue l’ambassade de point de contact de l’OTAN en 15 Mai 2009 « pour que l’OTAN comprend mieux ce qui se passe dans cette partie du monde. La Turquie va aussi être le facilitateur dans les négociations réalisées entre le Pakistan et l’OTAN » a expliqué Mme Stéphanie Babst à Istanbul le 06 juin 2009. 14Donc, on voit que les relations bilatérales de la Turquie avec les pays du Moyen Orient aide l’OTAN à améliorer ses relations avec les pays de la région.
En ce qui concerne le Dialogue Méditerranéen, étant un pays méditerranéen, la Turquie attribue une grande importance à ce projet, a été devenue une avant-garde pour sa formation. Elle a aussi développé de bonnes relations avec les pays du Dialogue en signant des accords de coopération technique dans le domaine militaire et en entreprenant la mission de « l’ambassade de point de contact » en Jordanie pour la période 2001 – 2002 et 2005 – 2006. De même, elle a aussi été l’ambassade de point de contact au Bahreïn entre 2005 – 2006, et au Rabat entre 2007 – 2008.15De plus, depuis 2001, les pays du Dialogue Méditerranéen font des activités qui sont conforme à l’esprit du Dialogue. Comme un pays attribuant trop de l’importance à la nécessité du Dialogue Méditerranéen, la Turquie fait parrainage d’un bon nombre d’activités depuis cette date. Et aussi avec l’implémentation d’Oléoduc Baku – Ceyhan en 2006, elle a commencé à attacher beaucoup plus de l’importance à l’amélioration du Dialogue Méditerranéen.
En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme ; malheureusement, le terrorisme n’est pas une question nouvelle pour la Turquie, qui a été en lutte contre ce danger pour une longue période et a perdu plus de trente mille personnes dans sa lutte contre l'organisation terroriste PKK. Le pays a longtemps soutenu que le terrorisme ne peut pas être considérée comme une préoccupation purement interne et que la lutte contre celle-ci doit inclure la coopération internationale. Actuellement, le terrorisme est l’une des questions les plus importantes sur l'agenda de l’OTAN. L’Alliance n’a pas une stratégie globale contre le terrorisme à l’origine.
Toutefois, dans son processus de transformation d’après Guerre Froide et particulièrement depuis les attaques terroristes contre les Etats-Unis le 11 Septembre 2001, l’Alliance a commencé à apporter une contribution substantielle à la lutte contre le terrorisme. Compte tenu de ses capacités et de ses expériences amères dans ce domaine, la Turquie d’aujourd'hui est bien placée pour offrir une assistance à l’OTAN dans la lutte contre le terrorisme. Efforts de la Turquie comme un pays musulman contribuera à démontrer et faire en sorte que ce n’est pas une lutte entre les religions et / ou les civilisations. Le soutien de la Turquie est très important de ce point de vue et donc un atout pour l’Alliance.16
Quant aux Balkans, la présence de la Turquie dans cette région remonte à la période de l’Empire Ottoman. La Turquie attache une grande importance à la stabilité dans les Balkans, car les conflits ethniques ou l’instabilité dans cette région peut déclencher des crises humanitaires qui affectent directement la Turquie à cause des liens religieuses et ethniques avec les peuples des Balkans. C’est pourquoi la Turquie a participé aux opérations de l’OTAN et contribué avec des troupes, des policiers et des observateurs à d’autres efforts internationaux visant à résoudre les conflits en ex-Yougoslavie.17Ainsi, elle a pris part dans les accords bilatéraux et multilatéraux mais aussi dans les projets politiques, économiques, militaires et sociaux. Par exemple, BLACKSEAFOR en avril 2001, SEECP en Février 2000, MPFSEE et SEEBRIG en Septembre 1999, SECI en 1996, l’initiative de libre zone dans les Balkans en Octobre 1988… Au Moyen-Orient et en Asie Centrale, un pionnier de la Turquie est mise en place de la coopération économique en mer Noire (BSEC) en 1992, et a permis à l’élargissement de l’accord de la coopération économique dans le Caucase et l'Asie centrale pays dans les années 1990. Ainsi, la Turquie assiste actuellement à l’Albanie pour la restructuration de ses forces militaires, la reconstruction de la marine albanaise, l’enseignement professionnel militaire. Elle aussi donne l’assistance militaire, technique et logistique aussi à ce pays.
Même si ces contributions n’étaient pas réalisées sous le parapluie de l’OTAN, ils ont aidé à assurer la stabilité dans la région. C’est pourquoi ces initiatives sont très importantes pour la sécurité aussi.
Les contributions militaires
De nos jours, les contributions militaires de la Turquie continuent dans toutes les opérations militaires conduites par l’OTAN.
Plus récemment, quand on arrive à l’époque après Guerre Froide, on voit les contributions plus importantes que celles-ci pendant la Guerre Froide. Avec la mise en œuvre de l’Accord de paix de Dayton, la Force de paix de la Turquie a été attribuée à la commande de l’IFOR à partir du 20 Décembre 1995. Le 20 Décembre 1996, l’IFOR a été restructuré comme SFOR et la brigade turque a commencé à fonctionner pour cette commande. La brigade turque a ensuite été réduite à un bataillon, en conformité avec les décisions de l’OTAN.
Ainsi dans le cadre de l’Opération Sharp Guard, en harmonie avec la FORPRONU et les opérations de l’IFOR, la Marine turque a contribué en service actif et sur appel des frégates, ainsi que les ravitailleurs et les mines anti-navires à l’opération Sharp Guard menée par STANAVFORMED. Un total de 18 frégates / navires de guerre, 2 sous-marins, 4 ravitailleurs et environ 5000 personnes ont pris part dans les opérations à partir du 13 Juillet 1992 au 2 Octobre 1996.
Les Forces armées turques ont également contribué pour fournir un appui aérien à la FORPRONU, l’IFOR et la SFOR. La Turquie a contribué un escadron de F-16 déployés en Italie à l’opération Deny Flight pour contrôler l’espace aérien au-dessus ex-République de Yougoslavie.
Avec l’intervention de Kosovo le 24 mars 1999, la Turquie a commencé à faire des contributions militaires pour cette opération. La Turquie y a participé avec dix F-16 qui se sont trouvés en Italie à l’époque et qui y ont contribué plus de 2000 heures. Après l’intensification de l’opération, la Turquie a attribué huit F-16 supplémentaires et 3 avions de ravitaillement ainsi que les bases Incirlik et Bandirma pour le déploiement.18En outre, une frégate turque affectée à la Force navale permanente de la Méditerranée (STANAFORMED) dans l’Adriatique et un chasseur de mines attribuée au Comité permanent de lutte contre les mines du Groupe ont participé à l’opération.
Après l’intensification de l’opération, des réfugiés ont commencé à se déplacer. Pour aider à résoudre une crise, 18.000 réfugiés ont été logés en Turquie au cours de l’opération, en plus, des camps de réfugiés ont été mis en place aux Boyana / Elbasan Macédoine et Albanie afin d’assurer des logements pour 3200 réfugiés. Après la signature de l’accord de paix, les réfugiés sont retournés au Kosovo.
Ainsi, Turkish Kosovo bataillon Task Force déployé à Prizren, continue sa mission dans le force armée multinationale formé par l’Allemagne, la Turquie, l’Autriche et la Suisse.
Les contributions de la Turquie dans la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (FIAS) ne sont pas négligeables non plus. Entre février et août 2005, la Turquie était le leader de l’ISAF VII : dans cette période 1430 personnels militaires turcs ont travaillé en Afghanistan. Et elle était aussi responsable de l’Aéroport International de Kaboul. La Turquie a également fourni des dirigeants civils à l’effort international en Afghanistan. De Janvier 2004 jusqu’à août 2006, l’ancien président du parlement turc, Hikmet Çetin a rempli deux mandats consécutifs en tant que haut représentant civil de Secrétaire Général de l’OTAN en Afghanistan, la plus haute représentation politique de l’OTAN dans le pays.19Après cela, entre avril et décembre 2007, la Turquie a entreprise le commandement régional de Kaboul avec 1200 personnels. Maintenant 780 personnels turcs contribuent à l’ISAF.
La Turquie a conduit la mission de la FIAS à deux reprises depuis 2002 et continue à diriger une équipe de reconstruction provisoire (PRT), avec un travail efficace dans le recyclage des unités de l’armée afghane dans une zone sensible culturellement. A cet égard, la Turquie semble jouer un rôle important dans la mission de l’OTAN en Afghanistan, qui est principalement dû à ses liens culturels de la région pour le peuple et non lié à son importance militaire et géostratégique.20En tant que nation musulmane, la Turquie accroît la légitimité de la mission de la FIAS en Afghanistan. Sa participation signifie que les forces chrétiennes ne sont pas les forces occupantes en Afghanistan, mais plutôt, c’est considéré comme une force composée de différentes confessions et de différentes nations. Tout comme le soutien des Arabes dans la première Guerre Mondiale, les Alliés ont permis d’éviter la stigmatisation d’une guerre sur les mondes musulmans, l’appui de la Turquie à l’OTAN peut contribuer à éviter la même stigmatisation en 2009. L’approbation de la Turquie pourrait conférer une légitimité à la position de l’UE aux yeux des non-Européens. Comme on le voit au cours de la campagne de l’OTAN en Afghanistan.
Comme Hikmet Cetin l’a mentionné, la présence effective de la Turquie dans la campagne de l’OTAN en Afghanistan illustre que l’un des rôles les plus importants est ceci que la Turquie se joue en aidant la communication avec les deux parties culturellement différent parce que les deux côtés ont confiance à l’interférence turque.21
Ceci souligne le thème que la Turquie peut servir comme un pont pour l’Europe, et donc, améliorer des perspectives de l’intégration de la Turquie.22
Ainsi, dans les opérations IFOR, KFOR, SFOR conduites aux Balkans dès 1995, le rôle de la Turquie n’est pas négligeable non plus.
D’ailleurs, la Turquie a conclu des accords de coopération sur la formation militaire et les questions techniques et scientifiques ainsi que l’industrie de la défense avec près de 60 pays y compris les pays membres et non membres de l’OTAN aux Balkans, au Moyen Orient, au Sud Méditerranée en Afrique Sub-saharienne, en Asie Centrale, à l’Extrême Orient et en Amérique du Sud. Tous ces accords ont visé d’assurer la coopération de sécurité militaire en développant interopérabilité. Grâce à ces accords, la Turquie a été devenue un pont de sécurité entre les pays membres et non membres de l’OTAN.
Par exemple, le Centre d’Entraînement de PpP à Ankara qui a été inauguré en 1998 est une centre de formation et d’enseignement de qualité très importante qui aide aux pays membres du Partenariat à atteindre le niveau d’interopérabilité requis pour participer à des opérations et exercices PpP dirigées par l’OTAN. Il offre des stages aux niveaux opérationnel et stratégique, et coordonne et supervise les stages technico-tactiques d’autres écoles militaires turques. Le centre d’Ankara propose tous les avantages de la formation dispensée dans un pays allié, et couvre presque tout l’éventail des objectifs d’interopérabilité définis par l’OTAN pour les forces armées des Partenaires.23Ainsi, tous les cours sont ouverts à tous les Partenaires et Alliés ; les personnels des Etats participants à PpP ainsi que les personnels des Etats non participants à PpP peuvent bénéficier de ces formations afin de s’adapter aux doctrines, tactiques, principes, procédures et normes de l’OTAN.
D’ailleurs, la Turquie et les Etats de PpP organisent chaque année des opérations militaires communes comme on l’a fait en Bulgarie, Turquie, la Macédoine…
Par ailleurs, la plus importante attribution dans le domaine militaire de la Turquie est son rôle et engagement dans les opérations.
(à suivre)