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  • : La géopolitique par Jacques Soppelsa
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Cv Jacques Soppelsa

Agrégé de géographie , Docteur d'Etat ,et Professeur de géopolitique à l'université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Retrouvez le Cv résumé en cliquant sur le lien suivant : Jacques Soppelsa

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Publications

1971 : Les Etats Unis (PUF)
1972 : Géographie Universelle (2 tomes) Livre du mois
1973 : Le Moyen  Orient (3 tomes) Mang
1975 : L'économie des Etats Unis (Masson). Livre du mois
1976 : La Géorgie méridionale et le Vieux Sud des Etats Unis (thèse)
1979 : Les grandes puissances (Nathan)
1980 : Géographie des Armements (Masson) Livre du mois
1981 : Histoire du Far West (Larousse  BD) 32 facsicules en coll.
1982 : La Terre et les hommes (Belin)
1984 : Des tensions et des armes (Publications de la Sorbonne)
1986 : Lexique de  Géographie Economique (en coll  Dalloz)
1988 : Lexique de Géopolitique (Dir. Dalloz)
1992 : Géopolitique de 1945 à nos jours (Sirrey)
1994 : La Patagonie (en coll. Autrement)
1995 : Los Frances en Argentina (en coll .Zago)
1996 : La dictature du rendement (Ellipses)
1997 : Dix mythes pour l'Amérique (Colin)
1999 : la démocratie américaine (Ellipses)
2001 : Géopolitique de l'Asie Pacifique (id)
2003 : Le Dialogue régional en Amérique Latine (Ellipses)
2005 : Les Etats Unis .Une histoire revisitée (La  Martinière-.Le Seuil)
2006 : "Dix morts en sursis" -Roman de Géopolitique fiction- Editions du Club Zero
2008 : Géopolitique du monde contemporain (en coll.) (Nathan)

2009 : Les sept défis capitaux du Nouvel Ordre Mondiale

2010 : Dictionnaire iconoclaste de l'immigration

2011 : Géopolitique et Francophonie

2012 : Louis XVII, La piste argentine

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 18:57

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Géoéconomie de Madagascar 

 

 

 

I) Le contexte politique

 

 

Bien que cette étude ait pour objectif essentiel de détecter les principaux secteurs économiques susceptibles de s’avérer performants quant aux investissements potentiels à Madagascar, de nos entreprises nationales, on ne peut omettre d’évoquer rapidement le contexte politique et géopolitique particulièrement « spécifique » qui caractérise « la Grande Ile » depuis ces derniers lustres.

Le contexte politique, c’est en effet, depuis la chute de Marc Ravalomanana et l’arrivée au pouvoir du Maire d’Antatanarivo, Andry Rajoelina, la pérénisation d’une palette d’ incertitudes, de coups de théâtre, de palinodies particulièrement spectaculaires…

Il semblerait - mais la prudence s’impose en la matière- que le Sommet du 7 Juin dernier à Gaborone (Botswana), la « Réunion des Acteurs du Dialogue Politique à Madagascar » (une réunion qui rassemblait un cortège impressionnant d’acteurs potentiels, l’AREMA, ESCOPOL,  HPM, UDR-C, TGV, UAMA-MONIMA, Mouvance Ratsiraka, Mouvance Ravalomanana, Mouvance Zafy, MDM etc..) soit un tournant positif en la matière. Avec la définition de la « feuille de route » , (une feuille de route qui aurait bénéficié du soutien du Quai d’Orsay) le régime, par définition temporaire, de la « Haute Autorité de Transition », présidée par Andry Rajoelina, et le gouvernement du tout nouveau Premier Ministre, Omer Beriziky, nommé le 2 Novembre parmi 14 nominés (sic) devraient pouvoir respecter l’agenda prévisionnel acté lors de ladite rencontre de Gaborone.

 

 

 

 

Plus significatif, dès le 24 Octobre, Madame Catherine Ashton, le « Boss » du Service Européen d’Action Extérieure (la « Ministre des Affaires Etrangères de l’Union Européenne ») adressait une lettre d‘appui à TGV , souhaitant que ce dernier puisse organiser très prochainement des opérations électorales « normales », parallèlement à la « normalisation »  des relations entre la Grande Ile et l’Organisation Internationale de la Francophonie.

 

 

Témoin la visite privée de Rajoelina à Paris le 27 Juillet dernier auprès d’Abdou Diouf ; une visite qui, suite à la mission d’Hugo Saada à Antananarivo en Mars, aurait permis à l’actuel Président  de la Haute Autorité de Transition d’obtenir de l’OIF un logiciel permettant de traiter efficacement les données électorales 

Cette normalisation entre Madagascar et l’OIF est loin d ‘être un phénomène mineur pour des entreprises françaises, et donc « francophones », soucieuses de s’implanter dans le pays.

 

 

« Andry Rajoelina est certes « francophone » ! Est il totalement « francophile » ? Ses liens (qui m’ont été confirmés par plusieurs sources crédibles et convergentes) avec les milieux « indo-pakistanais » (omniprésents sur l’ile) doivent aussi, à notre avis être pris en considération..

 

Des figures majeures de la société Karana apparaissent aujourd’hui au sein du cercle rapproché présidentiel, ce qui était loin d’être le cas du temps de Marc Ravalomanana : 

 

-Hassanein Hiridee , qui dirige de sociétés comme First Immo, Ocean Trade ou DTS, aurait été l’un des plus surs alliés du Ministre Andriamananoro dans son combat contre Orange dans le domaine des fibres optiques.

-Azad Hiridjee, qui avait été expulsé par Ravalomanana en 2008 est rentré sur le territoire et aurait récupéré une partie de ses biens grâce à l’intervention présidentielle

-Ylias Akbaraly, parton du conglomérat Sipromad (produits pharmaceutiques, industries de transformation, immobilier..) aurait servi d’intermédiaire entre Rajoelina (qui lui emprunte à l’occasion son Cessna Bravo personnel ) et le Saoudien Al Weed…

 

Les lobbies indo-pakistanais contrôleraient, semble t il, par exemple, près de la moitié des littoraux de l’ile, et tout particulièrement les sites touristiques potentiellement les plus attractifs !

 

 

Encore ne faut il pas ignorer les réactions épisodiques, au demeurant classiques du milieu malgache face à semblables initiatives : rappelons que la prise de pouvoir de l’ancien Maire d’Antananarivo, en 2009,

est aussi en partie liée à la découverte par l’opinion publique de la

délivrance d’une licence d’exploitation, par son prédécesseur, (lui-même très proche d’un lobby « politico-religieux »), via un bail amphytéotique de 99 ans, à la société coréenne Daewoo Logistics, de quelques 1,4 million d’hectares de terres arables à des fins de production de céréales !

 

 

Au delà des incertitudes politiques conjoncturelles, un certain nombre de faits géoéconomiques demeurent incontestables, de la gamme des « tendances lourdes » qui caractérisent depuis plusieurs décennies l’économie malgache à certaines « variables contemporaines », par nature plus difficiles à évaluer et à analyser :

 

 

 

 

II) Les données macro économiques malgaches 

 

 

Au plan des « tendances lourdes » Madagascar reste indéniablement un pays en voie de développement, pour utiliser le langage « politiquement correct » en usage à l’ONU ou, plus précisément, un « P.M.A » (Pays moins avancé (sic) L’Ile se concrétise par toute une gamme de données statistiques qui confortent ce constat :

-un « Indice de Développement Humain » qui la classe au 145eme rang des Nations Unies ; un taux de mortalité infantile de 6, 25 % ; une espérance de vie à la naissance de 63 ans ; une population active employée dans le secteur primaire de plus de 70% ; une pauvreté endémique très forte, classant le pays au 144 ème rang mondial.

Mieux (ou pire) : Transparency International lui attribuait , l’an passé, une note de 2.6 en matière de corruption, ce qui place Madagascar au 123eme rang de la planète.

Face à ces « tendances lourdes », la lecture des données strictement économiques peut s‘avérer encourageante :

 

Alors que le taux de croissance annuelle était négatif (- 3,7%) en 2009, avant l’installation de la HAT, il est redevenu positif en 2010 : + 0,3% et

les Agences Internationales pronostiquent un taux de l’ordre de +1,4% pour 2011, voire +2% pour 2012

Mais tout est relatif. Les données statistiques des années 2002 à 2009 révélaient des chiffres oscillant entre 6 à 8% !

Le redressement relatif de l’économie malgache est surtout dû aux industries extractives et à la reprise du tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus inquiétant pour le court terme : le volume des dépôts des épargnants n’a pas cessé de croitre au cours des trois premiers trimestres de 2011..ce qui est en grande partie lié à la relative faiblesse des investissements, les investisseurs attendant sans doute d’y voir plus clair à l’aube des prochaines échéances électorales.

Car nous touchons ici du doigt un élément capital : le « manque de clarté » en matière de structures juridiques et de procédures réglementaires ; eu égard aux douloureuses expériences vécues lors d’un passé récent, certains investisseurs s’interrogent quant à la pérennité et à la solidité des des contrats, à leur fiabilité, voire à la validité des accords passés avant l’instauration de la HAT (cf. infra, l’exemple du secteur minier).

Nonobstant cet état de fait, les potentialités en matière d’investissements, compte tenu des nombreux atouts (ressources en hydrocarbures, ressources minières, potentiel touristique etc..) dont dispose intrinsèquement la Grande Ile, nous paraissent (en supposant une application correcte de la « feuille de route ») indéniablement attractives. Au moins dans un certain nombre de domaines.

A notre avis, (mais pour des causes diverses), 5 secteurs nous paraissent devoir être privilégiés :

-Les hydrocarbures

-Les mines

-L’ électricité, adossée à l’essor des « énergies renouvelables » 

-Le tourisme

-Les « villages seniors » et les structures médicalisées « troisième âge » 

 

A contrario, (mais nous pouvons nous tromper), un certain nombre de secteurs nous semblent devoir s’avérer beaucoup moins porteurs pour le proche et le moyen terme, pour des raisons par ailleurs  variées :

A savoir, notamment :

-l’agro alimentaire

-l’aquaculture ;

-les télécommunications

et, (mais avec des réserves, eu égard à des informations récentes), le BTP.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III) Les principaux secteurs d’activité économique : Analyse prospective.

 

 

  1. Des « pistes » à privilégier

 

 

1) Les Hydrocarbures.

 

L’essor de ce secteur est naturellement lié aux colossales ressources en pétrole découvertes récemment (à l’échelle historique de la saga des hydrocarbures) à Madagascar, tant en « onshore » qu’en « off shore ». Des gisements qui s’étendraient au minimum sur plus d’un million de Km2 et seraient susceptibles de détenir des réserves de l’ordre de 10 à 12 miliards de barils.

Aujourd’hui, ( cf. les récentes déclarations du Directeur de l’OMNIS, l’Office Malgache des Mines et des Industries Stratégiques) 18 des 20 blocs « onshore » sont d ‘ores et déjà octroyés, notamment à l’Américain EXXON Mobil, au Britannique Sterling Energy ou à Madagascar Oil TOTAL ( à Tsimimoro et à Bemolonga).

 

En revanche, 6 seulement des 250 blocs « of shore » étaient octroyés à la date de Juin dernier.

Les potentialités y sont énormes : 2 milliards de barils sont confirmés à Sakahara, par exemple (où opèrent les Chinois de Sunpec) ou 3,4 milliards à Maintirano

Le Code Pétrolier théoriquement en vigueur à Antananarivo est plutôt attractif : les compagnies exploitantes devront payer des taxes à hauteur de 8 à 10% du revenu obtenu, et verser des impôts directs de l’ordre de 22%.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elles doivent s’engager en outre à satisfaire la demande locale en hydrocarbures.

Mais elles perçevront 60% des revenus sécrétés (mieux que le classique « fifty/fifty » cher à l’ancien Cartel du pétrole) jusqu’à l’amortissement des investissements.

Un hic conjoncturel récent ! Les principales compagnies avaient interrompu leur activité en raison de la situation politique « tendue » qui caractérisait Madagascar. Mais dès le 11 Décembre 2010, Sterling Energie (UK)et Exxon renégociaient avec l’OMNIS un contrat de reprise des activités prévoyant la relance de forages , une relance nécessitant un investissement de l‘ordre de 200 millions de dollars Ces deux société anglo saxonnes ont donné le signal de la reprise ; dans leur foulée, dès Juin dernier, Madagascar Oil (TOTAL) reprenait ses activités à Tsimimoro (contrat de prospection prolongé jusqu’en 2014), avec un investissement de 80 millions de dollars.

 

En fait, en s’appuyant sur un avenant signé avec les Autorités dès 2008, Madagascar Oil Total a obtenu le feu vert pour exploiter, à des coûts moins importants, des gisements connexes…ce qui semble avoir eu aussi pour effet de mobiliser quelque temps les associations écologiques dénonçant   l’exploitation de ces sables bitumineux aux effets destructeurs pour l’environnement ».

Rappelons en outre (mais ce n’est pas un épiphénomène) que la BGFI-Bank, la banque « gabonaise » qui s’est implantée récemment au Congo Brazzaville et en Guinée Equatoriale (deux Etats baignés par le Golfe de Guinée et ses richesses pétrolières off shore) a ouvert une « annexe » à Antananarivo en mai 2010 (une initiative qu’elle projetait depuis 2007, sur la suggestion de de Total !)

 

Avis personnel : En dépit de ce constat conjoncturel, (au demeurant classique) s’annoncent plus que jamais de beaux jours pour l’industrie pétrolière sur la Grande Ile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2) Les industries minières :

 

 

Les mines représentent un secteur clef de l’économie malgache, eu égard à la richesse de la Grande ile en gisements de minerais, et notamment de minerais rares : outre le fer à Soalala, ou la bauxite à Mananntenina, le sous sol de Madagascar recense en particulier du chrome (Andriamana) du nickel et du cobalt (Ambatovy) de l’ilménite et du zircon, (Fort Dauphin ou Farafangana) de l’uranium (Folakara, Vinanikarena ,..) voire de l’or et des pierres précieuses, rubis saphirs, émeraudes etc…) Ces dernières font surtout l’objet d’une exploitation artisanale, sous le contrôle, (au moins théorique) de l’Institut de Gemmologie de Madagascar et du « Guichet Unique d’Exportation », créé en 2003 pour lutter contre la fraude.

La première ressource en matière de minerais rares demeure aujourd’hui le chrome, exploité par la Kraomita Malagazy ; les quartzs industriels, eux, (susceptibles d’être transformés en cristal) sont de facto le domaine de sociétés chinoises, tel le conglomérat Huwaei.

L’exploitation des gisements était contrôlée jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Rajoelina et de la HAT, par la « Loi sur les Grands Investissements Industriels » de 2002 et le Code Minier de 2005, mis en application en 2007

 

Au chapitre de l’uranium, ressource singulièrement sensible au plan stratégique et géopolitique ( et dont l’exploitation a démarré avec les pionniers du C E A, en 1946 !, du côté de Vinanikarena) les principaux groupes industriels implantés dans l’ile demeurent ,au-delà de quelques récentes initiatives israéliennes et sud coréennes, le Canadien Rio Tinto (via M. QIT Madagascar, et les Australiens RIR Aluminium et Cluff Resources Pacific. Ce dernier est désormais associé à l’Indien Varum Mines, et dispose théoriquement d’un périmètre d’exploitation de gisements aux réserves estimées à 1,7 millions de tonnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais l’évocation de ce secteur des industries minières pose inévitablement la question de la délivrance des permis d’exploitation

Dans le but « d’assainir »  le secteur, via l’OMNIS, la Haute Autorité a décidé par exemple, en Janvier 2011, d’annuler cinq contrats de prospection d’uranium Ce qui n a pas empêché de voir, depuis plusieurs mois, se multiplier les demandes de permis miniers (quelques 1360 à la date de Septembre dernier, dont une trentaine considérées par le Ministère ad hoc comme « crédibles et d’un montant financier très significatif).

 

 

In nouvel espoir pour les investisseurs potentiels ?
La semaine dernière, le 2 Novembre, Andry Rajoelina devait déclarer sur la BBC : « la feuille de route stipule que tout octroi de licence est suspendu jusqu’aux prochaines échéances présidentielles. Mais avec l’installation d’un nouveau Gouvernement, tout sera levé et Madagascar s’ouvrira aux investisseurs internationaux, pour qu’ils puissent s’installer tranquillement dans notre beau pays (sic)

La feuille de route a bel et bien des corollaires géoéconomiques manifestement fondamentaux pour le proche et le moyen terme !

 

 

 

 

  1. L’Electricité et les énergies renouvelables.

 

On connaît les difficultés actuelles de l’ile quant au défi de l’approvisionnement des consommateurs en électricité. Elles sont pérennes depuis des lustres.

En ce domaine, une « piste », confirmée dans maints pays du globe, et de plus en plus crédible, nous parait encourageante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’essor du photo voltaïque et du mixte énergétique :

 

Le photo voltaïque, l’énergie solaire, est un domaine désormais relativement bien maitrisé. Le « mixte énergétique » beaucoup moins.

Valorisant à l’amont les ressources liées à l’exploitation des hydrocarbures locaux (cf. supra, l’obligation de sociétés à contribuer à l’approvisionnement énergétique national), ce secteur pourrait voir se développer des énergies renouvelables, comme l’éolien et surtout le solaire, eu égard au contexte climatique malgache, largement favorable en la matière.

A titre d’exemple, l’essor du photo voltaïque pourrait être associé à la production et au stockage d’électricité via les nouvelles techniques de « couplage » et la production d‘hydrogène. Le stockage proprement dit permettrait de mettre l’électricité à la disposition des consommateurs selon le niveau de la demande, en s’émancipant ainsi des aléas de la radiation solaire. Utopie ?

 

Ce process industriel est d’ores et déjà au stade du « R & D » mais, à notre connaissance, à ce jour, maitrisé seulement par une société française, PARTHENA EnR, qui s’intéresse déjà à la Corse, aux DOM TOM et au Plan Solaire Méditerranée, lancé par Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.

 

 

.

  1. le Tourisme :

 

 

Il est sans doute inutile de rappeler ici l’exceptionnel potentiel touristique de la Grande Ile, la variété de ses paysages naturels, la richesse de ses paysages intérieurs et de ses littoraux, l’intérêt de son héritage civilisationnel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chiffres officiels, relativement fiables, évoquaient quelques 150 000 touristes en 2000, 300 000 en 2005, 500 000 en 2009 (en dépit du contexte géopolitique) et le cap des 800 000 a été dépassé l’an dernier.

Face à ce potentiel, les infrastructures en général et le réseau hôtelier en particulier sont encore très insuffisantes.

En 2010, on recensait à l’échelle de l’ensemble du territoire malgache quelques 1400 établissements hôteliers au sens large du terme…mais quatre seulement avaient statut de « cinq étoiles » (normes internationales), à savoir le Colbert, Ibis, le Carlton et leTamboho , tous implantés dans la capitale
Avec le retour de la (relative) stabilité politique, les projets devraient se multiplier : d’ores et déjà, parallèlement à quelques initiatives locales, et dans la foulée de l’ouverture de l’Hôtel Ibis, ACCOR , le groupe indien Bahri, le groupe mauricien Constance, ou le sud africain Saabi Saabi investissent dans le haut de gamme.

 

Le tourisme de luxe a de beaux jours devant lui, surtout le long des littoraux et au sein des iles (une rumeur lancinante suggère que désormais près de la moitié desdits littoraux seraient aux mains des réseaux indiens et des pakistanais.) Témoin aisément vérifiable, en revanche : la région de Marovagaha, au Nord Ouest est de plus en plus fréquenté par les VIP français et tendrait à devenir un nouveau Marrakech !

 

Nous sommes par ailleurs sceptique quant à la concrétisation prochaine des programmes (très évanescents) émanant des autorités en matière d’essor d’éco tourisme », de « tourisme durable » et de «  tourisme équitable » (par ailleurs très à la mode au plan international)

En revanche, le concept de « villages seniors » nous parait particulièrement porteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5) Les « villages seniors » et les résidences médicalisées.:

 

 

Inauguré aux Etats Unis (en Floride, en Californie, puis dans l’ensemble des « Sunshine States ») et implanté aux Philippines au service des retraités japonais, ce concept (en cours d’application concrète, non sans succès, au Maroc) nous parait potentiellement adaptable à Madagascar , eu égard à la révolution inouïe des transports internationaux  et à l’évolution du contexte démographique, sociale, et sociétale de l’univers contemporain

 

Utopie encore  ? La conjugaison de toute une gamme d’atouts, déjà évoqués ( climat, littoraux, sites touristiques.. niveau de vie) qui rendent compte de la réussite des expériences philippines ou marocaines se retrouve, nonens volens, sur le territoire malgache

La cible ? Les retraités du « Papy Boom »

L’importance numérique (en France particulièrement) de la génération issue du « Baby Boom » de l’immédiate après guerre, désormais qualifiée de « Papy Boom », se conjugue avec un accroissement spectaculaire, dans les pays du Nord, de la longévité. Ces deux facteurs, combinés à une fiscalité attractive (prêts de très longue durée, transformant de facto les « villages seniors » en futures résidences secondaires pour les héritiers) contribuent à faire aujourd’hui des « villages seniors » et, pour les plus âgés, des « résidences médicalisées » un créneau privilégié pour les investisseurs et les promoteurs de ce type de produit immobilier sur le littoral malgache ou dans les iles. Sous réserve, mais cela est vrai pour l’ensemble des activités économiques, de la confirmation d’une véritable stabilité interne. Madagascar pourrait ainsi prendre partiellement le relais en la matière d‘autres zones géographiques francophones , (naguère pionniers dans le double domaine de l’activité touristique classique et dans celui, plus ponctuel, de la fonction de retraite) , essuyant les effets négatifs et les incertitudes sécrétés par les récentes révolutions arabes sur la rive Sud de la Méditerranée !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

B) des secteurs économiques « marginaux » :

 

 

  1. l’aquaculture :

 

 

Madagascar est le premier pays producteur et exportateur de crevettes du globe. Mais ce secteur, dont le dynamisme est étroitement lié à la conjecture internationale, est plus que jamais contrôlé, outre les Autorités, par des entreprises locales en grande partie regroupées au sein d’associations comme l’UNIMA, une institution partenaire depuis deux lustres de WWF.,

L’UNIMA, premier opérateur crevettier, qui dispose d’un bassin d’aquaculture dans le Mahojamaba, de 18 chalutiers et de deux fermes d‘élevage, (et dont les activités, en aval, vont du désenclavement de zones rurales au transport du riz ou à la prévention du SIDA) jouit d’une aura (plus ou moins justifiée) qui peut servir de modèle à court et moyen terme et, sinon interdire, du moins marginaliser toute tentative d’investissements extérieurs directs.

 

(Nous sommes moins pessimistes au plan d’éventuels investissements indirects))

 

 

  1. l’agro alimentaire:

 

 

Si le secteur agro alimentaire (paradoxe classique en pays « en voie de développement »,) reste très médiocre à Madagascar, les dernières années se sont illustrées par la concrétisation d’un nombre non négligeable de programmes et d’investissements dans les industries alimentaires

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elles s’avèrent dans leur grande majorité très artisanales. Exceptions qui confirment la règle : les industries des boissons, la transformation des produits de la pêche, et tout particulièrement les produits laitiers (qui furent, on le sait, à l’origine de la réussite de Marc Ravalomanana.

 

L’émiettement des structures à l’échelle du pays et le contrôle de facto du secteur par quelques « leaders » locaux (souvent liés aux Eglises évangéliques ou aux milieux indo-pakistanais) laissent pour le moment peu de marge à l’investissement « extérieur ».

 

 

3) La téléphonie mobile :

 

Ce secteur, en plein expansion, (mais ce n’est pas spécifique à la Grande Ile !) est désormais  contrôlé par ARTEL.

Cette société appartient au groupe indien Bahri depuis le 24 Décembre dernier. Bahri a racheté à cette date la société ZAIN, héritière de MadaCom ; Bahri s’est associé au chinois HUAWEI en Juillet dernier.

 

« Bahri aurait vraisemblablement aidé à contrer Orange (cf.supra) lors de la tentative de cette dernière de pénétrer le marché de la fibre optique,,avec la réalisation d’ un câble sous marin depuis la Réunion.…

Ariel ,via HUAXAI, serai ,également lié au groupe pékinois DACHENG, dont les misions se sont multipliées ces derniers mois, à Antananarivo.

 

 

  1. Le B T P :

 

 

Ici, la prudence s’impose. Ce secteur a été, pour des causes variées, indéniablement sinistré. D’où, potentiellement, des perspectives positives pour le court terme, (au-delà des contraintes liées, à l’image de l’agro alimentaire, à l’émiettement du tissu industriel.

 

 

La reprise ?  le 6 juin dernier, par exemple, le groupe ARO inaugurait la tour Sahavola, au cœur de la capitale (une construction érigée dans le cadre d’un PPP, avec 50% de participation de capitaux indo-pakistanais.

 

Aménagement d’aéroports ; infrastructures routières…Beaucoup reste à faire. Au cours des derniers mois, certaines initiatives laissent supposer un regain du secteur : mandatée par Campus France, une mission ECOTEC a séjourné à Antananarivo durant deux semaines à la fin du mois de Septembre ; objectif : envisager la mise en place d’écoles de formation d’ingénieurs et de cadres dans l’industrie du bâtiment. A suivre.

 

 

 

IV ) De la concurrence étrangère:

 

Outre les investisseurs étrangers « classiques » (britanniques, américains, canadiens) notamment dans les hydrocarbures et les industries minières), la gamme des sociétés étrangères désormais présentes à Madagascar ne cesse de se diversifier.

Les sociétés indo pakistanaises (cf. le groupe Bahri) mettent à profit l’enracinement séculaire des Karana (cf.supra) pour s’investir dans les industries de transformations, le tertiaire, le tourisme littoral ; les Sud Africains dans les métaux précieux et semi précieux ;

Toutefois, les investisseurs chinois, toutefois, constituent à nos yeux le phénomène de pénétration récent le plus spectaculaire (cf. le conglomérat Huwaie, la Supec ou les initiatives très contemporaines du groupe Dacheng..

Leur activité est nettement plus crédible (y compris aux yeux des autorités malgaches) que certaines prestations retentissantes (médiatiquement parlant) et, en définitive, quasiment mort nées: le prince saoudien Al Weed , venu au début de l’année passée et affirmant « implanter des hôtels cinq étoiles et investir massivement dans le tourisme » n’aurait plus donné, pour l’instant, signe de vie. Comme cet autre émir, reçu en grand pompe en Aout, et « décidé à  ravitailler  l’ile en PPN et produits pétroliers ».

 

Il est vrai qu’en ce domaine, on se doit de citer aussi notre compatriote Bernard Tapie ! Un Bernard Tapie reçu par le Président de la HAT le 16 Janvier dernier, qui aurait promis d’investir dans le projet « Résidence des résidents », et d‘injecter des capitaux dans des programmes industriels susceptibles de créer quelques 200 000 emplois (sic) et qui, à notre connaissance, depuis cette visite, n‘est pas réapparu sur la Grande Ile !

 

Last but not least :

Le 1erAout 2011, le Président de la HAT recevait pendant une heure Neil Bush, frère de l’ancien Président des Etats Unis. Le communiqué qui a été publié à la suite de ladite rencontre semble relativement vague : Neil Bush de déclarer «  J’espère pouvoir contribuer au développement des entreprises malgaches et étrangères (sic) qui opèrent à Madagascar, même si, pour le moment, aucun projet concret n’a encore été fixé ».

On imagine pourtant assez mal un Neil Bush (eu égard à ses liens avec les milieux du pétrole et des industries extractives) passer à Antatanarivo pour une simple visite de courtoisie.

 

 

Etude réalisée  en janvier 2012 par Patricia Mamet. Professeure à l'Institut des Hautes Etudes Internationales et Politiques de Paris


 

 

 

 

 

 

 

 

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