Les enjeux du pétrole russe (3)

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Les enjeux du pétrole russe (3)

Un des facteurs du nouveau paysage politique,économique et énergétique en Russie, c'est que parallèlement aux efforts de Vladimir Poutine de renforcer le pouvoir central,le Kremlin cherche à rétablir son contrôle sur le serssources naturelles du pays. On parle même de la reprise en main par lepouvoir politique de toute activité économique, de "réétatisation" de l'économie. Non seulement d'importantes parties du secteur pétrolier,amis aussi le géant gazier Gazprom est en trian d'être réétatisé,le monopole sur le transport pétrolier est réaffirmé.L'affaire Ioukos est très symptomatique.Mais on ne s'arrête pas là.Après avoir mené l'attaque contre Ioukos,le Kremlin s'en est pris à d'autres compagnies,notamment Sibneft,autre groupe pétrolier,sommé de payer un milliard de dolars d'arriérés d'impôts pour le seul exercice 2000-2001. On parle de plus en plus souvent de la création d'un "géant pétrolier étatique"",qui permettrait au Kremlin de reprendre pied dans un secteur stratégique largement privatisé dans les années 90. La grande compagnie pétrolière d'Etat qui émergerait d'une éventuelle transformation de Ioukos s'articulerait autour de Rosneft,proche du Kremlin. Par ailleurs, une fusion des actifs de Gazprom,Rosneft,Sougoutneftegaz et Iouganskneftegaz pourrait déboucher sur un contrôle par l'Etat russe d'une production d'environ 3,5 millions de barils par jour,ce qui placerait la nouvelle entité en deuxième position sur le marché mondial ,après Aramco,la grande société pétrolière saoudienne.

Depuis le 11 Septembre,et sur fond d'instabilité au Proche Orient,la Russie et devenue un important fournisseur alternatif,en premier lieu auprès des consomateurs européens. Cette nouvelle donne a incité les compagnies pétrolières occidentales à s'interesser davnatage au pétrole russe:après la britannique BP et l'anglo néerlandaise Shell,qui ont déjà fait des investisements importan ts dans ce secteur (BP et la Compagnie Pétrolière de Tioumen ont conclu en 2004 un accord portant sur un investissement de 7,7 miliards de dolars,tndis que Shell a consenti un investissement de 890 million,s d'euros pour le développmeent des champs pétroliers de Salym,en Sibérie Orientale) ce sont les compagnies américaines qui tentent de s'imposer.

Outre l'enjeu principal qu'est,pour les Amricains,la diversification de leurs approvisionnements,Exxon-Mobil cherche,notamment ,à augmenter ses réserves propres,dangereusement basses.La compagnie est déjà engagée dans un projet d'extraction sur l'ile de Sakhaline,pour un montant de 12 milliards de dollars sur trente ans.Mais ce dossier est politiquement très sensible pour le Kremlin: l'Etat russe n'est aps enclin à laisser des acteurs extérieurs prendre le contrôle de ses ressources énergétiques,comme on l'a vu avec le démantèlement de Ioukos.

De plus,l'acheminement du pétrole vers la Chine,les Etats Unis ou le Japon reste un problème complexe, à la fois technique et politique: les réserves pétrolières russes sont très éloignées des zones de population et le transport du brut relène d'un monopole d'Etat,sous le contrôle de Transneft, une compagnie publique liée au Kremlin. Pour les autorités russes,le maintien d'un contrôle étatique sur le réseau des oléoducs est une quetion de sécurité nationale ainsi qu"un levier de pression sur les milieux d'affaires.Le projet de construction d'un terminal pétrolier à Moursmansk,dans le grand Nord,afin d'acheminer le brut de Sibérie vers le marché américain a été suspendu.Le gouvernement russe a privilégié l'autre porte de sortie vers les Etats Unis,le projet d'oléoduc sibérien vers Nakhodka,en Extrême Orient russe.Le Japon appuie cette option,ainsi que Washington.

La Russei cherche aussi à restaurer par le biais énergétique ses liens avec les ex-républiques fédéres soviétiques, zone de ses "intérêts stratégiques". Au cours des dernières années,les grands monopoles russes de l'énergie ont ainsi gagné des parts importantes de marché,de la Biélorussie à l'Asie Centrale en pasant par le Caucase. Contrôlés tous deux par l'Etat (à 52% pour la compagnie léectrique, à 38% pour Gazprom),ces "géants" de l'énergie veulent rendre à Moscou son rôle de fournisseur de toute la périphérie,comme à l'époque soviétique,et même au delà,jusqu'à la Pologne et la Turquie.La diplomatie de m'énergie ,celle des gazoducs et des oléoducs,organsie désormais les relations de la Russie avec son "étranger proche".

M.Lebedev