Il y a exactement vingt ans, en 1997, les responsables de cinq des universités européennes les plus prestigieuses, le Recteur de Bologne, le Recteur de Barcelone, le Vice Chancelier d’Oxford, le Président de Louvain et le signataire de ces lignes, es qualité de Président de Paris Panthéon Sorbonne, publiaient, à Bologne, la « Magna Charta » des Universités
Une « Grande Charte » qui devait être ratifiée à l’automne suivant par plus de 550 établissements universitaires du monde entier et, entre autres conséquences, contribuer à la mise en place, avec le succès que l’on sait, des programmes Erasmus ou Erasmus Mundi.
Vingt ans après, il peut paraître utile, voire instructif, tant pour les institutions européennes en général que pour les universités françaises en particulier, d’en rappeler les grands principes
Après avoir souligné que les Universités ont pour mission fondamentale d’assurer aux nouvelles générations une formation et une éducation susceptibles d’assumer et d’optimiser harmonieusement le développement culturel, scientifique et technique, les rédacteurs de la Charte rappelaient que la tâche de diffusion des connaissances incombant à ces dernières implique qu’elles s’adressent désormais à l’ensemble de la société, dont l’avenir économique et social exige un effort croissant de formation permanente.( cette formation devant ,en outre, permettre aux générations futures de prendre toute la mesure des grands équilibres, tant du milieu naturel et du milieu géographique, que des grands équilibres de la vie.
Dans ce cadre général, l’essor de établissements d’enseignement supérieur doit reposer sur un certain nombre de principes :
-l’Université doit demeurer une institution autonome , produisant et transmettant la culture de manière critique, à travers la recherche et l’enseignement. Pour s’ouvrir utilement aux nécessités du monde contemporain, elle doit être indépendante de tout pouvoir; elle ne peut et ne doit accepter l’institutionnalisation d’une science officielle ,ni soumettre son activité à un juge d’orthodoxie.
-au sein de l’Université, l’activité didactique est indissociable de l’activité de recherche. L’enseignement doit être à même de suivre l’évolution des besoins comme des exigences de la société. Chacun dans leur domaine de compétence, les pouvoir publics et les institutions universitaires doivent promouvoir le respect de cette double exigence fondamentale.
-refusant l’intolérance, elle doit s’ affirmer comme le lieu de rencontre privilégié entre les enseignants-chercheurs ayant la capacité de transmettre le savoir par la recherche et l’innovation, d’une part, les étudiants ayant la vocation, la volonté et la capacité de s’en enrichir, d’autre part ;
-creuset de la tradition humaniste et laïque, inspirée du souci permanent d’atteindre au savoir universel ,elle doit, pour assumer ses missions, ignorer les frontières, en affirmant la nécessité impérieuse et la fécondité de l’inter action des cultures.
La réalisation de ces objectifs fondamentaux exige des moyens efficaces et adaptés :
-le recrutement des enseignants, leur formation, leur nombre, leur statut, doivent être en phase avec les besoins de la société ;
-les instruments propices à l’optimisation des conditions de l’enseignement et de la recherche fondamentale notamment par le canal de partenariats avec le monde de l’entreprise, doivent être mis à la disposition de la communauté universitaire
-Chaque université doit, tout en garantissant la sauvegarde des libertés, fournir à ses étudiants la palette la plus riche possible de formations , courtes ,longues, permanente ou continue..
-les universités doivent encourager la mobilité des enseignants-chercheurs et des étudiants, et considérer qu’une politique nationale, européenne, et internationale, d’équivalence en matière de statuts, de titres, d’examens (tout en préservant les diplômes nationaux) et d ‘attribution de bourses (garant d e l’accès des lieux d’enseignement supérieur au plus grand nombre) sont la clef de leur réussite dans l‘exercice de leurs missions.
Au delà des effets directs de grandes mutations sociétales, (qu’il serait inepte de nier), nous avons, deux décennies après la signature de la Grande Charte, la faiblesses de croire que ses grands principes et ses principaux objectifs sont plus que jamais d’actualité.
.Jacques Soppelsa.